« Excusez-moi, pouvez-vous m’indiquer la classe d’Amy Miller, s’il vous plait ? Je viens pour son exposé sur les métiers. » Cela me fit tout drôle de me présenter ainsi à la réceptionniste de l’école, je n’allais pas le cacher. Enfin, j’étais déjà venu en ces lieux, plus d’une fois, pour les évènements dans lesquels les parents étaient impliqués, mais jamais en plein milieu d’une journée de cours, dans l’idée de participer à un exposé de ma fille sur les métiers de ses parents. Cette année, c’était mon métier qu’elle avait choisi, et franchement, je n’aurais pas pu en être plus flatté, même si au fond, j’étais quelque peu nerveux; cela ne faisait pas longtemps que j’étais dans les forces de l’ordre, je ne connaissais pas tous les secrets du métier et plus encore, je n’avais pas nécessairement une tonne d’histoires à raconter. Mais puisque je voulais faire plaisir à ma fille, et surtout m’assurer qu’elle allait avoir une bonne note à cette présentation, j’avais accepté de le faire quand même et surtout, je m’étais promis de tout faire aussi bien que je le pouvais. Déjà, j’avais décidé de ne pas retirer mon uniforme après avoir terminé ma matinée de travail, ayant raccourci ma journée exprès pour venir la voir, justement. Peut-être était-ce pour cela que la réceptionniste me paraissait quelque peu choquée quand j’étais entrée, mais maintenant, elle ne l’était plus vraiment, puisqu’elle était apparemment au courant de quoi il s’agissait, sans parler du fait que je n’étais probablement pas le premier parent à se présenter ainsi, même si j’ignorais complètement si les autres venaient avec leurs vêtements de travail. Enfin, ce que faisaient les autres, c’était leurs affaires, pas les miennes, et j’étais persuadé que l’uniforme ne ferait pas de mal, bien au contraire. Sitôt que la brave secrétaire eut vérifié le nom de ma fille dans les listes, elle me demanda de confirmer mon identité, ce que je fis sans problème, avant qu’elle m’indique le numéro de la salle de classe de ma petite princesse. La remerciant furtivement, je pris la direction de la fameuse classe, puis remarquant à mon arrivée que le moment n’était pas encore tout à fait venu, je patientai dans le couloir un instant, non sans jeter de temps à autre un coup d’œil à l’intérieur pour voir si je n’y apercevrais pas mon petit rayon de soleil.
 

Même si je savais pertinemment qu’un homme en uniforme de policier qui se balade dans une école primaire majoritairement remplie d’enfant ne passait pas inaperçu, je tentai de me faire tout de même discret non loin de la classe de ma fille afin de ne pas interrompre la présentation qui était en cours. En revanche, ma curiosité me poussa à jeter de temps à autre des regards au travers de la petite ouverture probablement laissée par sa maîtresse dans la porte, histoire de voir où elle se trouvait dans la salle, et si possible, manifester discrètement ma présence à l’enseignante pour faire savoir qu’elle pourrait s’occuper de l’exposé de ma fille tout de suite après, comme prévu. C’était probablement cela qui vint tout perturber, puisque sitôt que mon regard croisa celui de ma petite princesse, celle-ci interrompit l’exposé en cours en me pointant du doigt pour me présenter à ses camarades de classe à sa façon. Pour tout dire, je ne sus pas trop comment réagir dans un premier temps à tout cela. Bien sûr, il était adorable de voir l’enthousiasme de ce rayon de soleil qui était le mien, mais en même temps, n’était-ce pas un peu malpoli, interrompre la présentation en cours ? Regrettant quelque peu de ne pas m’être davantage retiré pour attendre, il fallut d’une façon ou d’une autre que j’intervienne, et je le fis par un signe de main accompagné d’un petit signe nerveux. Puis, je jetai un coup d’œil non seulement à Amy, mais aussi aux autres enfants, ne pouvant m’empêcher de ressentir une certaine fierté en voyant leurs regards impressionnés. Bien sûr, je ne m’en vantai pas, mais il n’en demeurait pas moins que c’était plutôt flatteur, ou du moins, c’était mon avis. Toutefois, puisque je n’oubliais pas l’autre présentation qui n’avait toujours pas reprise, je repris une contenance, puis je dis, poliment : « Non mais continuez, ne vous en faites pas. », ne me gênant toutefois pas pour rester dans l’embrasure de la porte. Après tout, ma présence était maintenant dévoilée, alors inutile de me cacher, surtout que cela me laissa l’occasion de regarder Amy, puis lui faire un petit clin d’œil pour lui signifier que j’allais m’occuper de lui faire une bonne présentation par la suite, ou plutôt, nous allions faire une bonne présentation, en espérant qu’elle ait de quoi faire une introduction, histoire que ce soit un véritable travail d’équipe entre ma fille et moi.