C'est quoi, la famille, aujourd'hui ? Un peu de tout et de n'importe quoi. C'est une de ces recettes que tout le monde connait mais que personne ne fait de la même façon. On y met d'l'amour, le plus souvent, d'la colère et des cris, de temps en temps, et on inverse les dosages, on recommence, on loupe son premier essai, peut-être même le second, puis parfois on y arrive, au troisième coup et on apprend l'bonheur, d'autres fois on abandonne et on se régale ou se débecte du rire des autres. Y a ceux qui s'en foutent, aussi, de la famille, qui préfèrent ne pas s'illusionner, qui ne sont pas fait pour ça.  

La famille, ces familles, qui peuplent les rues de la Cité des Anges, elles ont toute la même recette, mais elle n'a jamais la même saveur, chacun y va de son ingrédient secret, de sa cuisson ratée. Qu'est-ce qu'on trouve, dans une famille, qu'est-ce qu'on y fait ? On se chamaille, on se déteste, on s'aime, on se griffe et on se maudit. On a les rideaux déchirés, les lèvres fendues de mille sourires, les joues striées de larmes, les je t'aime tonitruants, les secrets trop longtemps oubliés, les vérités trop souvent partagées. On a la sensation d'avoir un chez soi, vraiment, d'être à sa place, d'avoir ces morceaux d'un tout vers lesquels se tourner quand on n'a plus rien.

À Los Angeles, y a des gosses qui s'écorchent les genoux sur les trottoirs, des grands qui s'engueulent dans la cuisine, des autres qui se tiennent encore la main sur les balcons.  Y a ces familles de sang et celles que l'on se construit ; ces êtres dont on ne se débarrasse jamais vraiment, ceux qu'on voudrait ne jamais laisser s'en aller. Y a ceux qui s'aiment et ceux qui se désaiment, certains qui se font la haine comme d'autres se font l'amour.